Montrer aux enfants toute la diversité de la vie professionnelle et tordre le cou à quelques clichés bien ancrés, voilà ce que propose la FERS (Fondation Entreprise Réussite Scolaire), avec la Grande enquête des métiers, ouverte aux élèves de cycle 3 (CM1, CM2, 6e) de la Métropole de Lyon. Un projet soutenu par la Fondation du BTP dans le cadre du mécénat au titre de la promotion des métiers.

« La Grande enquête des métiers est un outil innovant, qui s’adresse aux enfants dès l’école primaire, avant l’installation des stéréotypes et l’autocensure », indique Céline Leteissier, coordinatrice des projets de la FERS, créée en 1990 par la Ville de Lyon et des entreprises du territoire, avec le soutien de la Direction des Services Départementaux de l’Education Nationale

En une année scolaire et 6 séances d’une bonne heure chacune (sans compter le temps de préparation en tête à tête avec l’enseignant de la classe), la FERS propose bien plus qu’un panorama des métiers disponibles : c’est une véritable « éducation à l’orientation » qui est mise en place, à travers des sessions ludiques élaborées sur les avis du conseil scientifique de la Fondation.

« Quand on est petit, il n’est pas forcément évident que filles et garçons peuvent exercer le même métier ou qu’on peut en changer plusieurs fois. En favorisant le lien entre l’école et les acteurs du territoire, nous souhaitons ouvrir des horizons et donner confiance en l’avenir aux enfants. C’est une façon de lutter contre le déterminisme social et de promouvoir l’égalité des chances. » 

Céline Leteissier

Coordinatrice des projets de la FERS

Des sessions ludiques pour mieux se connaître

En novembre et décembre, les deux séances introductives de l’enquête sont animées par les intervenants de la FERS.
Grâce à une immersion tout en images dans leur quartier, aux jeux des « cinq familles », du « travaillo-dico » ou de la « boule de cristal » et à de petites enquêtes personnelles, les élèves parviennent à appréhender leur univers et à mieux se connaître eux-mêmes.
Quelles sont leurs envies ? Combien de métiers existe-t-il en France ? Leur future activité a-t-elle déjà été inventée ? 

Une découverte du monde

Individuellement, en petits groupes ou en classe entière, les enfants sont invités à s’interroger… et à dialoguer avec leurs parents ! C’est ce qui a plu à Pauline Janin, enseignante en CM1-CM2 à l’école Berthelot de Villeurbanne : « Faire venir les parents à l’école pour qu’ils témoignent de leur métier est très enrichissant pour tout le monde », explique l’institutrice qui a reçu une douzaine de pères et de mères dans sa classe de 25 élèves. 

« Il y a de la fierté pour les enfants comme pour les adultes, d’autant qu’ils ont vraiment joué le jeu : une dame est venue dans son uniforme de contrôleuse de train, une autre avec ses accessoires d’ergothérapeute… La Grande enquête est un formidable vecteur pour inclure les parents dans l’école, ce qui est quelque chose que l’on recherche en tant qu’enseignant. » 

Pauline Janin

Enseignante en CM1-CM2 à Villeurbanne

Si la crise sanitaire n’avait pas empêché la mise en place de sorties scolaires, les enfants auraient aussi pu visiter les casernes de pompiers et commissariat locaux, voire des entreprises voisines, afin de découvrir les différents acteurs de la ville.

Déconstruire les stéréotypes

Autre point essentiel, pour l’institutrice, le travail sur les stéréotypes :  

« L’Enquête nous a aussi permis de valoriser certains métiers, comme ceux que l’on peut exercer sans le bac, et de déconstruire certains préjugés : on peut être femme et éboueur, homme et sage-femme… Nous avons même reçu un papa nounou ! Les clichés de genre sont un grand thème du programme d’éducation morale et civique et c’était bien d’aborder le sujet ainsi.  » 

Pauline Janin

Enseignante en CM1-CM2 à Villeurbanne

Les séances animées par l’enseignante se sont ainsi succédé de janvier à avril, avant la réalisation d’une œuvre collective, issue du travail de l’année. 

« Dans notre quartier où la population est assez mélangée, nous réfléchissons beaucoup aux notions de respect, de laïcité, de tolérance… Les enfants se sont rendu compte que ces problématiques se retrouvaient chez les adultes dans les relations avec les collègues ou les conflits à gérer avec la hiérarchie et ont souhaité travailler là-dessus. » 

Pauline Janin

Enseignante en CM1-CM2 à Villeurbanne

Un concours pour concrétiser l’investissement de toute une année

En plus de la Grande enquête des métiers, les élèves de Pauline Janin ont donc participé au concours Quand je serai grand.e, je serai…, également organisé par la FERS et ouvert à toutes les classes de la Métropole, de la petite section de maternelle à la 6e.
Leur profil de Marianne intitulé Liberté, Egalité, Fraternité pour tous les métiers a reçu le prix Coup de cœur du jury.

« Le concours les a vraiment motivés », constate l’enseignante. « Cela a permis de créer une cohésion de groupe, avec un véritable travail en équipe, en classe entière, ce qui est plutôt rare. »
Quant aux élèves,
ils ont apprécié cette incursion dans « le monde des grands », se montrant heureux de « faire plein de découvertes » et de constater que, oui, « qu’on soit une fille ou un garçon, on peut faire tous les métiers qu’on veut ».

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