Elles sont le quotidien de certains grands anxieux : les benzodiazépines, médicaments psychotropes les plus prescrits au monde, sont des molécules présentes dans de nombreux «tranquillisants» et somnifères. Leurs propriétés permettent de soulager les angoisses, de retrouver le sommeil et même de traiter l’épilepsie. Cependant, leur utilisation peut provoquer une accoutumance et être à l’origine d’une baisse de vigilance.

Etat des lieux

En France, vingt médicaments à base de benzodiazépines ou de substances apparentées aux benzodiazépines sont commercialisés. Plus de la moitié sont des anxiolytiques utilisés pour lutter contre les signes de l’anxiété (Xanax®, Lexomil®, Temesta®, Valium®…). Sept sont des hypnotiques, c’est-à-dire des somnifères (Nuctalon®, Mogadon®, Stilnox®…) et deux sont des anticonvulsivants permettant de traiter les symptômes de l’épilepsie (Rivotril®, Buccolam®).

Des Français nombreux à consommer

En 2015, indique l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), 13,4 % des Français avaient eu recours à une benzodiazépine, dont 10,3% pour calmer leur anxiété et 5.6% pour retrouver le sommeil.
Ces pourcentages placent la France au deuxième rang européen des pays utilisateurs de benzodiazépines, derrière l’Espagne mais loin devant l’Allemagne et le Royaume-Uni.
Le consommateur-type de benzodiazépine est une consommatrice quinquagénaire : 65 % des utilisateurs sont des femmes d’âge médian de 57 ans. 

Un rebond après la baisse

La consommation générale de benzodiazépines tend à diminuer depuis les années 2000. Les années 2020 et 2021 semblent marquer un rebond des prescriptions de médicaments anxiolytiques et hypnotiques.
La sixième édition de l’étude du Groupement d’Intérêt Scientifique (GIS) EPI-PHARE1 relève notamment la hausse des délivrances d’anxiolytiques et d’hypnotiques pour les quatre premiers mois de l’année 2021. La vente d’anxiolytiques a, par exemple, augmenté de 15 %. Cependant la hausse la plus spectaculaire est observée pour les hypnotiques permettant de trouver le sommeil plus facilement : plus 26,4 %. 

Ces chiffres confirment les observations de l’enquête CoviPrev de Santé Publique France, qui relève que 2 Français sur 3 rencontrent des problèmes de sommeil depuis le confinement de mars 2020.

Les principaux risques

Atteinte des fonctions cognitives

La prise de benzodiazépines peut s’accompagner de troubles de l’attention, de difficultés à se concentrer, de pertes de mémoire, voire de somnolence. Autant de phénomènes difficiles à contrôler dans le cadre professionnel, d’autant qu’ils sont moins vite « repérables » que d’autres produits psychoactifs comme l’alcool ou le cannabis. 

En 2019, les scientifiques de l’INRS notaient que l’usage prolongé des benzodiazépines au travail pouvait relever du « dopage au quotidien », afin de rester « enthousiaste au travail, fiable et productif ». 
Cependant, les effets secondaires peuvent se révéler dangereux, notamment en cas d’usage chronique, c’est-à-dire dépassant les 12 semaines de prise recommandées.

De la tolérance à la dépendance

Le phénomène de tolérance, qui oblige à augmenter les doses pour obtenir les mêmes effets au fil de temps est un « classique » dans l’usage des benzodiazépines. La tolérance peut ainsi apparaître dès une semaine de traitement, ouvrant la porte à la dépendance physique. Ce phénomène explique les recommandations de prescriptions : pas plus de 4 semaines pour le traitement de l’insomnie et pas plus de 12 semaines pour celui de l’anxiété. 

Ces temps de traitement incluent celui de sevrage qui peut se révéler délicat et doit toujours se faire sous la supervision d’un médecin. En cas d’arrêt brutal, les symptômes initiaux peuvent réapparaître sous une forme plus sévère, associés à des tremblements, de la tachycardie, des sueurs, des troubles de la perception… C’est pour cette raison que les prescriptions sont rigoureusement encadrées et que l’automédication est très fortement déconseillée dans ce domaine.

Risque routier

Outre le risque d’accoutumance, l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé (ANSM) indique que la consommation de benzodiazépines entraîne une « altération des capacités de conduite » qui va de pair avec une augmentation de 60 à 80 % des risques d’accidents de la route. 

Depuis l’arrêté du 13 mars 20172, toutes les benzodiazépines et les médicaments qui leur sont apparentés sont classés « niveau 3 » de danger pour « incompatibilité majeure avec la conduite automobile ». Une réalité à prendre en compte en entreprise, où la route reste la principale cause de mortalité.

Dans le secteur du BTP, par exemple, 50 travailleurs ont trouvé la mort en 2019, lors d’un accident de mission ou de trajet. Pour aborder le sujet de la sécurité routière en entreprise, la Fondation du BTP propose PACTE BTP. Cette formation immersive et innovante permet à chaque stagiaire d’identifier ses propres axes de progrès au volant et d’adopter durablement un comportement plus adapté.

Risque de chute

Les benzodiazépines peuvent augmenter les risques de chute de 40 % environ, notamment chez les personnes âgées de plus de 60 ans, dont l’organisme est plus sensible aux effets secondaires des somnifères et des tranquillisants.

Dans le cadre professionnel, comment réagir ?

Les causes de prise de benzodiazépines sont à chercher autant dans le domaine personnel aussi bien que professionnel. L’anxiété, le stress, les troubles du sommeil font en effet partie des troubles psycho-sociaux à prévenir en entreprise. Les professionnels de la santé au travail préconisent donc une prévention collective sur ce type de risque, de même qu’une large information sur les effets secondaires et le bon usage des benzodiazépines.

Des actions de sensibilisation peuvent être mises en place

Dans tous les cas, des actions de sensibilisation à l’usage des produits psychoactifs peuvent vous permettre d’ouvrir le dialogue avec vos salariés. C’est ce que propose Déclic addictions. Cette formation, spécialement conçue pour répondre aux attentes des entreprises du BTP, s’adresse aux dirigeants, aux cadres intermédiaires et aux salariés de l’entreprise.

L’ensemble de la formation Déclic addictions emploie une pédagogie active fondée sur l’expérience, les échanges, le partage de vécus, des exercices pratiques, des conseils et astuces et propose un accompagnement personnalisé après la formation.
Le module « dirigeants » est animé par Laurence Cottet, initiatrice du mouvement Janvier sobre, ancienne cadre du BTP et marraine de Déclic addictions. Un tout nouveau module, Prév’addictions, permet également de réunir toute l’entreprise autour du témoignage de Laurence.

1 Le Groupement d’Intérêt Scientifique (GIS) EPI-PHARE est formé par l’ANSM et l’Assurance Maladie. Il suit la consommation des médicaments délivrés sur ordonnance en médecine de ville en France depuis le début de la pandémie de Covid-19

Lire l’arrêté du 13 mars 2017 

Catégories : Addictions