Gros plan sur l’association Wake up Café, soutenue par la Fondation du BTP.
Installée à Lyon depuis fin 2019, cette structure apporte un accompagnement complet aux personnes sortant de détention en s’appuyant sur un réseau d’entreprises volontaires pour les embaucher.
« La première condition, pour devenir un “wakeur”, c’est d’avoir la volonté de s’en sortir et celle de ne pas retourner en prison », indique Mathilde Duteil, responsable Rhône-Alpes de Wake up Café, qui a accompagné une quinzaine de personnes en 2020 et prévoit d’en suivre 50 en 2021, près du quart (24 %) dans le secteur du BTP.
« Le deuxième critère, c’est de pouvoir établir une relation de confiance réciproque. Enfin, la personne doit s’investir dans la communauté d’entraide que constitue le Wake up Café ».
Un accompagnement à 360°
Au-delà de l’insertion par l’emploi, qui est au cœur du dispositif, l’association fondée en 2014 en région parisienne*, propose un accompagnement « à 360° autour de la personne ».
Aide pour l’accès au logement ou à la santé, suivi administratif mais aussi ateliers de savoir-être, pour réapprendre tout à la fois à vivre en communauté et à être indépendant, voilà ce dont a bénéficié André**, 30 ans, incarcéré fin 2018 pour la première fois et sorti avec un bracelet électronique en janvier 2020 .
*par Clotilde Gilbert, aumônier de prison pendant 7 ans à la maison d’arrêt de Nanterre
**son prénom a été changé
Le BTP, pilier porteur pour les wakeurs
« Nous avons des partenariats avec de grands groupes du BTP mais nous travaillons aussi avec des artisans », relève Mathilde Duteil.
« Le secteur est en tension, il y a des opportunités d’embauche et les wakeurs sont un vivier de main d’œuvre. De plus, les métiers du bâtiment sont attirants pour les sortants de prison. Ils leur permettent d’acquérir des compétences plus rapidement que dans d’autres domaines. »
En 2021, Wake up Café prévoit d’accompagner 12 personnes dans le domaine du BTP.
« Nous voulons connecter les talents et les entreprises. On ne va pas envoyer une personne dans une entreprise qui ne lui correspondra pas. Il faut qu’elle soit motivée. Et que le recruteur sente qu’il a pu choisir son talent. »
De « l’homme-bracelet » au « wakeur »
Grâce au parcours de réinsertion jalonné d’ateliers d’estime de soi et d’éloquence proposé par Wake up Café et entamé alors qu’il est encore en détention, André a préparé sa sortie… allant jusqu’à passer un entretien d’embauche au parloir !
« Mon CV avait retenu l’attention d’une entreprise : j’ai un BEP d’électronique et des connaissances en électricité. J’avais décroché un engagement, à condition de passer mon permis. »
L’épidémie de Covid-19 et le confinement auraient pu marquer un coup d’arrêt au projet d’André mais il a pu compter sur Wake up Café et ses ateliers virtuels pour garder le cap : « On avait des vidéo-conférences sur la recherche d’emploi, l’écriture de CV, de lettres de motivation, le fonctionnement des plateformes d’offres d’emploi… »
Au fil des mois, André passe du statut « d’homme-bracelet », comme il se qualifie à l’époque, à celui de « wakeur », engagé dans son projet.
L’équipe de Wake up Café l’aide à passer ses habilitations électriques, le soutient dans ses recherches de logement, lui propose des journées conviviales « pour parler de tout et de rien, de ce qui va, de ce qui ne va pas ».
Et cela fonctionne : après un emploi en insertion, André rejoint Intervalle Intérim, agence spécialisée dans le « recrutement inclusif » et entame en septembre une formation d’électricien rémunérée dont il devrait sortir diplômé en janvier, avec un emploi à la clé.
Si le suivi de Wake up Café dure en moyenne quatorze mois, il est, dans les faits, sans limite de temps, puisque l’équipe veille à la pérennité de l’emploi trouvé et à la satisfaction des employeurs.
André, par exemple, est toujours suivi : si son projet professionnel est en cours d’achèvement.
Wake up Café le soutient dans sa demande de logement. Et, souligne Mathilde, « il sait qu’il pourra toujours revenir s’il a besoin d’autre chose ».
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