Alcool, cannabis, médicaments… La consommation de produits psychoactifs est un enjeu de santé publique majeur. Engagée dans la prévention des addictions, la Fondation du BTP agit en faveur de la santé des professionnels du secteur. Nous vous proposons une série d’articles sur des produits dont l’usage excessif peut avoir des conséquences sur votre santé ainsi que sur celle de vos collaborateurs. Après l’alcool, focus sur le cannabis.

Avec 700 000 consommateurs quotidiens, le cannabis est le produit illicite le plus utilisé en France, y compris dans le milieu professionnel. Une réalité particulièrement inquiétante dans le secteur du BTP car cette substance psychoactive peut mettre en danger la santé des salariés et être à l’origine d’accidents du travail.

Une substance largement diffusée

Sous forme d’herbe, de résine, d’huile ou même de gâteau, le cannabis est la quatrième substance psychoactive la plus utilisée en France, derrière l’alcool, le tabac et les médicaments psychotropes.

Dans le milieu professionnel

Dans le monde professionnel, le recours au cannabis est aussi relativement fréquent : en 2010 (chiffres les plus récents disponibles), 13% des usagers de cannabis reconnaissaient un lien entre les difficultés liées à leur métier (stress, exigence, rythme de travail…) et leur consommation. 

Le secteur de la construction ne fait pas exception : 13 % des salariés concèdent rouler un joint de temps en temps tout comme près du tiers des intérimaires du bâtiment (31%).
Des chiffres qui mettent le secteur du BTP sur le podium de la consommation juste derrière les arts et spectacles (16,6 %) mais devant l’hébergement et la restauration (12,9%) et l’information-communication (10,7%).

Vous avez un doute sur la consommation de cannabis dans votre entreprise ?

Déclic addictions vous accompagne pour la prévention des risques dans votre entreprise

Vous voulez en savoir plus pour mettre en place des mesures dans votre entreprise ?
Vous pouvez vous rapprocher de votre service de médecine du travail ou consulter la presse spécialisée ou les fiches techniques Prévention BTP.

Pour vous aider à aborder le sujet du cannabis et de la dépendance auprès de de vos collaborateurs, la Fondation du BTP a créé Déclic addictions, une formation spécialement conçue pour les dirigeants, les préventeurs, les managers et les salariés du BTP.
L’ensemble de la formation Déclic addictions emploie une pédagogie active fondée sur l’expérience, les échanges, le partage de vécus, des exercices pratiques, des conseils et astuces et propose un accompagnement personnalisé après la formation.
Le module « dirigeants » est animé par Laurence Cottet, initiatrice du mouvement Janvier sobre, ancienne cadre du BTP et marraine de Déclic addictions.

Le cannabis en milieu professionnel : pourquoi ?

Au-delà des pourcentages, ces chiffres peuvent, pour les professionnels, avoir des conséquences lourdes, notamment sur la route, première cause d’accident mortel de travail (20%). Les stupéfiants (et dans 85 à 90% du temps, le cannabis) sont présents dans près d’un quart des accidents mortels de la route.

La consommation de cannabis multiplie par 1,65 le risque d’être responsable d’un accident routier mortel par rapport à la conduite à jeun. Pour l’alcool, ce risque est multiplié par 18. Quand le conducteur est soumis aux deux substances, ce qui représente la majorité des cas, le risque est multiplié par 29. (Source : ONISR)

Vous souhaitez lancer une action de prévention du risque routier dans votre entreprise ?
La Fondation du BTP peut vous aider, grâce à Pacte BTP, sa formation spécialement conçue pour les professionnels du secteur de la construction.
Immersive et pédagogique, Pacte BTP permet à chaque stagiaire de reconnaître ses points d’amélioration au volant et de s’engager sur le long terme à travers un PACTE qu’il fait avec lui-même.

Des conséquences lourdes pour le BTP

ouvrier blessé sur un chantier, aidé par son collègue

Réflexes, mémoire et vigilance diminués, sentiment de toute-puissance, euphorie, voilà les effets du cannabis sur l’organisme des consommateurs.
Aux commandes d’une grue ou lors de la réalisation de travaux en hauteur, ils peuvent mettre en danger la vie des salariés consommateurs eux-mêmes, celle de leurs collègues ou même celle des passants. Chutes, mauvaise manœuvre ou anticipation insuffisante du danger sont autant de sources d’accidents du travail aux conséquences parfois dramatiques… et qui ont un coût pour les entreprises du BTP. Chaque année, indique l’Assurance maladie, ce sont 8 millions de jours de travail qui sont perdus dans le secteur de la construction, à cause des accidents du travail et des maladies professionnelles. Pour les entreprises, cela représente l’équivalent de 36 000 emplois à temps plein et un coût direct de plus de 1 milliard d’euros, versés au titre de leurs cotisations accidents du travail (AT) et maladies professionnelles (MP).

Usage du cannabis par un salarié : que risque l'employeur ?

L’article L. 4121-1 du Code du travail indique que l’employeur est tenu de prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale de ses salariés.

En matière civile, l’employeur risque une condamnation pour faute inexcusable, qui entraîne le paiement de dommages-intérêts de plus en plus lourds, depuis un arrêt de la Cour de cassation de juin 2010. Sur le terrain pénal, il s’expose à une condamnation pour blessures ou homicide involontaire, voire pour mise en danger de la vie d’autrui, avec à la clé le prononcé d’amendes, voire de peines de prison ferme.

Michel Ledoux

spécialisé en droit social, interviewé par Le Moniteur, le 14/12/2016

Des tests de dépistage pour limiter les risques

Suite aux accidents répétés et au désarroi des chefs d’entreprises face au problème de salariés sous l’emprise de substances psychoactives, le Conseil d’Etat a autorisé, dans son arrêt n°394178 du 5 décembre 2016, la tenue de tests de dépistage salivaires pour les salariés tenant des « postes dits hypersensibles drogue et alcool ». 

    Attention, ces dépistages doivent être prévus dans le règlement intérieur de l’entreprise ou dans une note de service et ne peuvent se tenir qu’avec l’accord du salarié.

      Il n’existe pas de liste générale des postes « pour lesquels l’emprise de la drogue constitue un danger particulièrement élevé pour le salarié ou pour les tiers ». Ils doivent être identifiés par l’employeur avec le médecin du travail, en collaboration avec les délégués du personnel.

        La liste de ces postes « hypersensibles » doit être précisée dans le règlement intérieur de l’entreprise et, la fiabilité des tests étant discutable, le salarié peut demander une contre-expertise (à la charge de l’employeur). Surtout, l’employeur ou le supérieur hiérarchique réalisant le test s’engage à respecter le secret professionnel quant au résultat. Dans tous les cas, les managers et dirigeants sont invités à se rapprocher de la médecine du travail afin de mettre en place une démarche de prévention non-stigmatisante et d’informer au mieux tous les salariés.

          Le cannabis, comment ça marche ?

          La substance psychoactive du cannabis est le delta-9-tétrahydrocannabinol, plus connu sous son acronyme THC.
          Ses effets sont rapides après inhalation et la présence du produit est détectable dans le sang 2 minutes après la première bouffée. Il se fixe rapidement sur le cerveau. L’ivresse cannabinique et son euphorie peuvent durer jusqu’à 8 heures après l’absorption.
          Cependant, certains fumeurs peuvent passer directement à la case « bad trip », notamment lors de premières consommations. 

          L’usage régulier du cannabis pourrait aussi accentuer certaines pathologies psychiatriques, comme la dépression ou les troubles bipolaires. En moyenne, 9 % des consommateurs sont susceptibles de développer une dépendance.

          Le cannabis en France, en chiffres
          Catégories : Addictions