Il peut être festif, convivial et culturel. Il est même indissociable d’un certain art de vivre à la française… Mais l’alcool a un autre visage : celui des 41 000 décès* qui lui sont imputables chaque année en France. Même si l’on boit de moins en moins d’alcool dans notre pays depuis les années 1960, la France, en termes de consommation, se classe au 4ème rang des 37 pays de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques).
En 2017, près d’un Français sur deux estimait qu’offrir ou consommer de l’alcool faisait partie des règles de savoir-vivre et… près d’un quart d’entre eux estimaient l’alcool nécessaire à l’équilibre alimentaire !
- la saveur des boissons proposées, pour 80 %
- l’association « alcool et fête réussie », pour 56%
- la sensation procurée par le produit, pour 54%
- la pression sociale : un tiers des personnes interrogées déclarent consommer pour s’intégrer plus facilement dans un groupe.
L'alcool en chiffres
des 18-75 ans déclarent avoir bu de l’alcool au moins une fois au cours des 12 derniers mois
de consommateurs quotidiens
déclarent avoir connu une ivresse dans l’année
du total de l’alcool consommé en France étaient bus par 10 % des 18-75 ans
Et en entreprise ?
En entreprise, l’usage de l’alcool est réglementé par le Code du travail : certains d’entre eux seulement, les plus « traditionnels », ont droit de cité lors des moments conviviaux. Vin, bière, cidre et poiré sont les seuls alcools autorisés lors des pots de fin d’année ou de départ en retraite. Un chef d’entreprise peut même, s’il le souhaite, bannir totalement l’alcool dans sa structure en inscrivant l’interdiction dans le règlement intérieur.
La consommation d’alcool expliquerait 10 à 20 % des accidents du travail. Une réalité dont sont conscients bien des chefs d’entreprise, notamment dans le domaine du BTP, où les risques sont nombreux : travail en hauteur, conduite d’engins, port de charges lourdes…
Pour aborder la questions des addictions telles que l’alcool, la Fondation du BTP propose des formations comme Déclic addictions. Une façon de libérer la parole et de s’engager dans la prévention des risques professionnels.
Festif ou quotidien ?
Quand il est festif, l’alcool est consommé moins souvent mais en plus grande quantité, notamment par les jeunes : les 18-24 ans consomment en moyenne 3,3 verres et affichent 67 jours de consommation dans l’année.
Quotidien et bu en plus petite quantité*, l’alcool devient une habitude de vie pour des seniors de 65 à 75 ans qui sont 26 % en moyenne à en consommer 152 jours de l’année.
Quant aux adolescents de 17 ans, auxquels l’accès à l’alcool est théoriquement interdit, ils sont 2/3 à indiquer avoir consommé de l’alcool dans le mois précédant l’enquête Escapad menée par l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) en mars 2017 auprès de 46 054 jeunes appelés à la Journée Défense et citoyenneté. Selon l’étude, « 9 fois sur 10, ces consommations ont lieu durant le week-end », essentiellement entre amis (90 %) mais aussi en présence des parents, dans près de 30 % des cas. Les alcoolisations ponctuelles importantes (API), elles restent fréquentes, notamment chez les garçons, qui sont près de 50 % à déclarer au moins une ivresse dans le mois précédant l’enquête.
Le saviez-vous ?
Vin rouge ou blanc, champagne, digestif, pastis ou bière… Chaque verre standard de ces boissons renferme la même dose d’alcool pur (éthanol), soit 10 g environ.
N.B. : un verre standard correspond à celui que l’on vous sert dans un bar ou au restaurant. A la maison ou entre amis, on a tendance à augmenter les doses, alors, prudence !
Une consommation agréable…
... mais dangereuse
De l’usage au mésusage, la frontière peut être floue, d’autant que, dans certains cas déterminés, l’alcool, et notamment le vin, peut avoir des effets protecteurs sur la santé cardio-vasculaire. Cependant, soulignent les chercheurs, ils « sont réduits à néant par ses effets délétères » : ivresse et comportements dangereux, moindre résistance aux infections, atteintes aux systèmes digestif et nerveux, perte de mémoire, mais aussi dépendance, troisième stade de la consommation.
Voilà pourquoi les spécialistes préconisent une consommation raisonnée en tenant compte d’un « ratio risque / plaisir », traduit par la formule de Santé publique France :
« Pour votre santé, maximum deux verres par jour, et pas tous les jours ».
Vous avez remarqué, dans votre entourage professionnel, une personne qui vous semble trop boire ? Ou bien c’est vous qui avez du mal à vous passer d’alcool pendant quelques jours ? Il est temps de vous interroger sur votre consommation !
Vous pouvez vous auto-tester, en utilisant par exemple l’« Alcoomètre » proposé sur le site sur le site alcool-info-service.fr. Et si vous êtes témoin de l’alcoolémie d’un collègue, la meilleure chose à faire est d’assurer sa sécurité, ainsi que celle des autres membres de l’équipe, puis de prévenir votre supérieur hiérarchique.
L’alcool est bien souvent un sujet tabou en entreprise. Que l’on connaisse sans en parler les difficultés d’un collègue que l’on va « couvrir » ou que l’on perde soi-même le contrôle de sa consommation, il est toujours temps d’agir.
Alcool et BTP
Il existe peu de chiffres sur l’usage de l’alcool dans le secteur du BTP. Cependant, le Baromètre santé de l’INPES (Institut national de prévention et d’éducation pour la santé, désormais Santé publique France) indique qu’en 2010, les professionnels de la construction étaient 13,4 % à déclarer boire de l’alcool quotidiennement, tandis que près d’un tiers d’entre eux avouait connaître une ivresse au moins une fois par mois (32,7 %, contre 19,2 % dans l’ensemble des actifs) Ces chiffres placent le secteur de la construction sur le podium des professions les plus consommatrices d’alcool, au coude à coude avec l’agriculture, la pêche et la restauration. Ils sont aussi synonymes de risques professionnels : l’alcool diminuant la vigilance et les réflexes, il peut être à l’origine de multiples accidents (conduite de machines, trajet routier, violence verbale…), ce dont les chefs d’entreprise sont très conscients. En 2013, l’INRS (Institut national de recherche et de sécurité) notait aussi dans un rapport sur les Pratiques addictives en milieu de travail que « certaines contraintes du travail » augmentaient la consommation d’alcool comme « du travail en plein air, des postures pénibles, le port de charges lourdes et déplacements longs, fatigants ou rapides ».
Pour aider les chefs d’entreprise à aborder le sujet auprès de leurs collaborateurs, la Fondation du BTP a développé Déclic addictions, une formation spécialement conçue pour les dirigeants, les préventeurs, les managers et les salariés de la construction. Divisée en trois modules, la formation Déclic addictions emploie une pédagogie active fondée sur l’expérience, les échanges, le partage de vécus et des exercices pratiques. Le module « dirigeants » est animé par Laurence Cottet, elle-même ancienne cadre du BTP. Déclic addictions propose un accompagnement personnalisé après la formation.
Comment s’en sortir ?
Arrêter ou limiter l’alcool, ça se prépare. Pour reposer votre verre efficacement, vous devez vous poser connaître vos raisons et y réfléchir calmement vous aidera à établir vos objectifs. Une fois décidé, vous pourrez vous tourner vers votre médecin traitant, qui pourra vous écouter et vous orienter vers une consultation spécialisée. Autre possibilité, les Centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) : vous pouvez y accéder gratuitement et de façon confidentielle pour une prise en charge multidisciplinaire associant suivi médical, paramédical et psychologique et accompagnement socio-éducatif. Des unités hospitalières d’addictologie peuvent également vous accueillir en consultation ou en court séjour de sevrage. Enfin, des cures sont également envisageables, notamment dans le cadre d’une addiction prolongée.Les associations et les groupes de parole peuvent vous apporter un soutien précieux, en parallèle du système de soin classique. Ils sont nombreux à avoir maintenu leurs activités, y compris pendant la crise sanitaire, en mettant en place des réunions vidéo ou en renforçant leur permanence téléphonique. Parce que la dépendance à l’alcool n’est pas une fatalité.
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