Partenaire de longue date de la Fondation du BTP, le formateur Fariddine Karimdjee connaît bien les formations PACTE BTP et Premiers combats portées par la Fondation. Il est très impliqué dans la santé au travail et la formation des jeunes. 

Vous connaissez bien les formations PACTE BTP et Premiers combats. Qu’est-ce qui en fait la richesse ?

C’est la pédagogie utilisée, très active. Les jeunes deviennent acteurs de leur formation. On utilise de nombreux supports (visuel, écrit, jeux de rôles…), ce qui sollicite tous les sens des stagiaires.
PACTE BTP et Premiers combats sont des lieux d’échange : on a une approche différente, pas du tout moralisatrice. Les jeunes portent en eux les solutions aux problèmes abordés et on les aide à les trouver et à les exprimer.

Quelles sont les spécificités du public auquel s’adresse ces formations ?

En Centre de Formation des Apprentis (CFA), les jeunes sont confrontés au monde professionnel, ils ont un contrat, gagnent un peu d’argent. Ils sont hyper sollicités : entre leur formation et leur présence en entreprise, ils ont un programme chargé… et ils ont besoin de moments récréatifs, ce qui peut les amener à consommer de l’alcool, du cannabis ou d’autres produits. C’est pour cette raison qu’il est intéressant de travailler avec eux.

Quels sont les écueils à éviter ?

Il ne faut pas être trop directif, ni moralisateur. Ce qu’il faut, c’est leur redonner confiance. Ils font énormément de choses bien. Certaines, moins bien, c’est normal : on a tous des failles. C’est là-dessus qu’on va travailler. L’idée, c’est d’avancer ensemble. Dire à un jeune qui fume du cannabis que ce n’est pas bien sans aller plus loin, c’est comme donner un coup de pied dans sa béquille. Au contraire, comprendre pourquoi il consomme permet d’avancer. Oui, on peut trouver du réconfort dans l’alcool ou les produits. Mais il faut pouvoir maîtriser sa consommation. Notre rôle, c’est de faire passer les messages, pas de juger.

Pourquoi est-il important d’intégrer de telles formations au cursus des apprenants du BTP ?

Regardez les statistiques : la plupart des accidents du travail entraînant un décès ou des conséquences lourdes sont des chutes de hauteur ou des accidents de la route. Certains employeurs mettent leurs véhicules entre les mains de tout jeunes salariés : il faut les former. 

La Fondation du BTP a bien fait d’aborder cette question du risque routier chez les jeunes en entreprise : c’était un angle mort de la prévention. Je suis persuadé que c’est l’enfant qui fait l’homme et que nous sommes le fruit de notre éducation : plus on forme tôt, mieux on va réussir.   

Comment voyez-vous l’avenir de Premiers combats ? Comment la formation peut-elle évoluer pour s’adapter au mieux aux réalités des jeunes ?

Je pense que le déroulé de Premiers combats, avec vidéos, site internet et jeu est bien adapté à la cible des 18-30 ans. Il faudrait que les films soient encore plus axés sur l’aspect professionnel, tout en entrant dans le plan pédagogique des apprentis, pour les toucher pendant qu’ils sont encore en formation.
Le message à porter est la maîtrise de la consommation : on transmet les informations et les jeunes sont libres de suivre ou non les recommandations.
Il faut faire de Premiers combats un espace de dialogue : laisser parler les stagiaires, donner un temps aux silences, accepter la vivacité des débats… L’objectif étant qu’en partant, le jeune qui le souhaitait ait pu donner son avis.

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